« Le jour où je rentrerai dans une église et m’avancerai vers le pupitre pour devenir chrétien, qu’Allah prenne mon âme sur le champ ! ». Telles étaient les paroles que j’ai dites à un pasteur en jurant avec colère en Mars 2009.
Je m’appelle Gaoussou Fofana, je suis né le 24 Août 1989 à Guiré, une commune au Nord-Ouest du Mali. Mon père a deux femmes, et il avait pris ma mère pour honorer notre tradition selon laquelle le jeune frère doit prendre la femme de son défunt frère, pour protéger ses enfants et garder la femme à la maison. Je suis le seul enfant issu de cette union. Mon père m’aimait, mais ma maman n’était pas sa préférée, et cela n’était pas sans conséquences dans notre vie quotidienne. Ma mère, mes sœurs et moi avons connu des difficultés liées à cette situation. Jusqu’à l’âge de 15 ans, je n’avais jamais vu une église, un chrétien, et n’avais jamais entendu parler de l’évangile.
Je suis né dans une famille musulmane pratiquante. Mes deux parents, quoiqu’illettrés, m’ont transmis les notions basiques de la religion de Mohamed. Nous sommes Soninkés et l’Islam est notre religion depuis des siècles. Mon père était muezzin dans la mosquée de la famille. A l’âge de 5 ans, avec mes frères, notre père nous a envoyés chez l’imam du village pour apprendre la religion à ses pieds. Là-bas, j’ai appris à mémoriser les sourates du coran sans les comprendre, et j’apprenais à écrire l’arabe en vue de mieux apprendre le livre de la religion. A l’âge de 7 ans, par un concours de circonstances (ce que je considère aujourd’hui comme la grâce de Dieu), j’ai été amené à partir à l’école des Blancs, parce que ma grande sœur de 9 ans s’était vu retirée de l’école, pour garder le bébé de ma tante qui venait d’accoucher, l’administration de l’école a exigé qu’elle soit remplacée par quelqu’un d’autre, et voilà je me suis retrouvé à l’école.
J’ai raté mon bac en 2008 par une erreur de l’administration, et j’ai dû le repasser, et l’ai obtenu en 2009 à Koulikoro (60km de Bamako), où je vivais dorénavant chez un demi-frère, qui organisait régulièrement des cérémonies de lectures et prédications du coran devant sa maison. J’ai pratiqué la religion de Mohamed pendant tout ce temps comme je l’avais appris, et je cherchais Allah en pratiquant la prière et le jeune, et en essayant de façon correcte, par crainte de l’enfer. Plus tard, j’ai lu le coran en français pour m’aider dans la pratique de ma foi. En 2009, un pasteur nigérian a commencé une église à Koulikoro dans la rue où on habitait. Au Mali, pendant les temps libres, les gens aiment se regrouper autour d’un thé dans la rue pour passer des moments conviviaux. On appelle ces groupuscules des « grins ». Ce pasteur venait à chaque fois se joindre à notre grin, mais dès que je le voyais venir, je m’échappais, parce que j’avais appris dans ma religion que partager un breuvage ou une nourriture avec un infidèle rendait impur. On a continué comme ça pendant longtemps, et un jour j’ai décidé de l’écouter dans le but de le confondre et l’humilier, pour qu’il ne revienne plus nous tenter. On nous disait que ces hommes étaient payés par des Blancs, pour faire dérouter les gens de l’Islam.
La première fois que je l’ai écouté, je ne lui ai pas laissé de temps, je l’ai bombardé avec des questions, des reproches, les erreurs des chrétiens selon l’islam. Mais il n’avait l’air pas offensé malgré ma violence verbale et des propos d’imprécations comme la phrase d’introduction. Ma conversion a été progressive et je pense qu’elle avait commencé depuis cette conversation avec ce pasteur nigérian. J’ai eu beaucoup de débats avec lui et ses collègues sur le salut, le paradis, et le pardon des péchés. Parfois j’étais très violent, au point d’en venir aux mains. Cependant une succession d’évènements spirituels ont précipité ma conversion, dont une réunion d’évangélisation et une apparition de Jésus. Je suis allé voir le pasteur après ces événements et ai accepté la foi chrétienne. Comme je ne pratiquais plus la prière musulmane, ni en groupe avec la famille et ni seul, mon frère m’en a fait la remarque, et m’a demandé si je priais. Et je lui ai répondu que j’avais accepté la foi chrétienne et ne pratiquais plus la prière musulmane. Il a immédiatement prononcé ses mesures par rapport à la nourriture ; j’étais devenu un infidèle, donc, je ne pouvais plus manger avec eux. Ils ont fait une réunion au village pour décider de mon sort et ont fait des choses mystiques pour me désenvouter de la foi chrétienne. Cela fut le début d’une persécution qui a duré environ 3 ans et demi, venant de ma famille et des Soninkés que je ne connais ni d’Adam ni d’Eve. Pendant tout ce temps, la joie et la paix que Jésus m’avait données me soutenaient. J’étais prêt à parler de ma foi chrétienne à tout le monde. J’ai trouvé dans l’église de véritables frères, sœurs, pères et mères. Je continue de suivre Jésus et sa grâce m’aide jusqu’à ce jour à marcher avec lui. Mes rapports avec ma famille se sont améliorés, par l’aide de Jésus.
Désormais, je ne pratique plus la religion avec la peur de l’enfer et la peur de la colère de Dieu, je la pratique dans la foi et la confiance en Jésus.